Iris,
-Iris soleil-
Tu m’as quitté. C’est une douleur que j’expulse
De mes douloureuses introspections, je respire un parfum amer,
L’espoir de ton oubli, le simple enterrement de ton souvenir.
Bientôt, je penserai moins aux adorables esquisses de ton regard, mosaïques et éclats jaunes.
Tu es partie. Si loin.
Ton sourire est une fresque, absente.
Vacillé le frêle espoir du bonheur des autres,
Noyé par l’immense océan doré qui nous sépare
Ecrasé par le soleil, je m’écroule.
-Iris chaleur-
Ici, une chaleur étouffante et une pluie violente.
Souvenirs de nos retrouvailles entraperçues,
Cet orage qui déchirait tes yeux !
Jaloux insomniaque, je te crois sous mes caresses encore.
Choyer la vertu de l’oubli ? Laisser le temps nous enliser ?
Je ne sais pas, je ne veux oublier, cette oppressante tristesse sur mes lèvres.
La nuit tombe,
La moiteur du ciel m’assombrit un peu.
Pourquoi le bonheur se fige, délétère ?
Quand je te liquéfiais dans mes bras, je fermais les yeux,
Et tu me respirais, haletais, soufflant des baisers, éclosions de nos plaisirs blessés,
Pourtant, inévitablement, la vision de ton départ,
Douloureusement mon esprit frappe le sol.
Que faire d’un amour mort-né ?
Qu’aurais-tu fait?
La pluie m’apaise un peu… Amour résilié…
-Iris respire-
Une pluie de sentiments différents, un délire amoureux,
Les vagues d’amertume, un délice de sourires immatériels.
Tous mes souvenirs sont las.
Mettre des mots sur ton absence :
L’amour parfois devient immatériel,
Imaginer l’être aimé dans ses rêves,
Le voir, le toucher presque et sentir battre son cœur,
Et respirer un léger souffle chaud sur ses lèvres,
Mais ouvrir les yeux, sans même la frôler.
Cet être s’efface en un autel, miroir pieux d’une illusion.
Cet être si douloureusement extérieur quand j’étais avec toi…
Le regard ne perce donc rien !
Si tu m’avais « je t’aime », je t’aurais suivi de toutes mes forces.
Je t’oublierai comme j’ai oublié les autres,
Comme les hommes oublient les femmes,
Et comme le temps oublie les hommes.
-Iris sourires-
La première fois que je t’ai vue, Je t’ai souri sans espérer,
Puis nous nous sommes encore effleurés, apeurés.
Est-ce l’habitude qui nous pousse à nous plaire ?
Un charme indolent ?
Un regard triste qui croise une souffrance ?
Ce regard persiste…
Je me suis rendu droit dans tes yeux,
Avoué le malheur de chercher à découvrir qui tu étais,
Percer ton Iris comme autrefois on défaisait l’hymen.
Puis ce jour où tu m’as tout avoué,
Je suis tombé sans gloire, tes sourires me faisaient peur.
J’y pense encore,
Encore le délire amoureux, évanescence de sourires et de regards pendus,
Mes doigts qui te cherchent,
Ton iris jaune, effusion de ta beauté et de sentiments confus.
Amour à vocation réelle, ivresse éclatée, chimique…
Mais trop imaginaire, car ce n’est qu’un rêve,
Attisé par tes yeux qui s’affolent et qui en disent déjà trop.
Je ne sais plus, je me suis vu fou de ne pas de posséder jusqu’à l’excès.
Le délire amoureux ne s’explique pas, il se vit comme un délice, un supplice,
Victime d’une imagination, d’un battement de paupière…
-Iris aveugle-
Iris, tu me manques énormément.
Les jours s’affairent et mon obsession parfois s’amenuise,
J’essaie de t’imaginer Là-bas. Je te sens heureuse,
Ne pas t’en vouloir, cela m’écorche…
-Iris peur-
Je commence à avoir peur,
Je pensais t’oublier.
Je n’y arrive pas…
-Iris seul-
Se promener, seul dans la ville.
Tu ne comprendras jamais à quel point je te voulais âme et chair…
Je voulais ton cœur, ton âme et toi.
Iris, étoile de lumières, je t’aime.
-Iris de cendres-
Les regrets m’écrasent. J’explose. Je t’aime encore.
A la croisée des destins,
C’est l’indifférence qui l’emporte.
Horreur, stupéfaction, mon rêve échafaudé, caressé,
L’ambiguïté de ton amour se balance, décisive humiliation,
Et cette lueur autrefois languie s’écroule en un souffle.
L’avenir me semble mort sans tes yeux tristes.
Je me traîne jusqu’à la fenêtre, j’écoute la petite musique de mon amour
Et j’allume cette cigarette.
La déception ne se crie pas, elle s’étale silencieusement,
Sournoisement épouse les murs de mon esprit en ruine.
Je n’y crois pas, je porte en moi un amour calciné, je ne veux pas.
Mon amour est mort, mais je pense à toi,
Je m’accroche, vagabond, caressé par l’ivresse de ton regard,
Mon esprit tend vers un grand vide et s’y engouffre, absent condamné.
L’ivresse sait aussi éclore dans le malheur total.
Cette musique m’enlise délicieusement, ma raison m’échappe,
Il n’y a plus rien qui vive.
La torture de tes malices m’épuise.
L’écrasant oubli du temps ? Il semble arrêté sur ma déchirure.
Je regarde cette cigarette, déjà consumée jusqu’au filtre, et je perçois l’irréversible :
Elle brûle irrémédiablement, ce plaisir écœurant aussi va mourir,
Je vais l’éteindre et alors tout sera fini.
Je ferai pareil avec ton souvenir. J’ai brûlé cet amour jusqu’à l’irréversible,
Je le sens glisser entre mes doigts, et je ne peux que l’écraser,
Comme je finirai bien par étouffer ton évocation.
Mon esprit carbonisé se perd au loin dans ces étoiles, noires comme le reste.
Je m’enlise dans l’irrévocable.
Mon regard calme s’affaisse sur la cigarette.
Cette petite fée s’éteint.
Je vole en éclat. Ton regard multicolore brille encore au fond de mes yeux, Iris.
Sans rêve ni lumière.
-Iris paupière-
Oui, je pense moins à toi,
Mais écrire ces lignes et je chancelle à nouveau.
Si un éclat de souvenir m’assaille,
Comme je baisserais les yeux si je te croisais dans la rue,
Je détourne rapidement mes pensées vers un autre sujet.
Ejecter cette souffrance si séduisante et tourmentée.
Les traits de tes yeux en moi disparaissent. Pas les sentiments. Pas même une seule image de toi…
Iris, éclats de ciel, je pense encore à toi et je penserai toujours un peu à toi.
Tu as les plus belles couleurs dont j’ai rêvé.
Amour d’un temps, amour figé, amour toujours.
Je t’aime encore.
Mais presque rien n’est éternel, Iris, surtout pas l’amour : l’oubli enterre toutes les passions.
Un battement de cœur, sourd,
Ce dernier battement de paupière,
Et ton Iris a enfin la beauté d’une Supernova.
juin-juillet 1996