I – L’INFÂME
Silhouette gracile et envolée comme un rire d’enfant,
Maigre comme son esprit,
Elle me blesse et m’abasourdit de jalousie :
A tous les hommes des regards masqués et complices.
Déplorable et exquise émanation de ma souffrance,
Elle s’abaisse et se signe.
Je t’ai aimée, vagabonde et lascive,
Mais je ne saurai être un cabot.
II – COMME UN SOURIRE
L’autre sera le fol écueil de mes libertés :
Ingénue troublante telle une vapeur d’absinthe,
A jamais éprise de l’âme et de sa douceur,
La plainte lancinante de mes dégoûts et solitudes
Se noiera dans l’écume de ses yeux.
Enfin l’absoudre et la comprendre.
Nos tourments profonds comme l’univers,
Ont blasphémé le gouffre interdit
Et portent nos espérances et nos vertiges.
Ses baisers consacrés m’envoûtent et me frôlent
Je m’absorbe et m’éteins :
En toi saura brûler le feu divin d’une union secrète
Et la naissance de notre amour comme l’éclipse
Illuminera nos étoiles éteintes
Dans le ciel de ses nuits oubliées.
Ce soir-là je n’aurai qu’un seul destin :
Rêver et effleurer ton teint frileux,
Admirer et encenser ta peau douce comme une brise polaire
M’assouvir à la morsure de ton regard effroi
Et satisfaire tes airs de petites orgies.
III – MES AMOURS ORDINAIRES
Le poète est une bête puante de mal et de cris
Et la laideur de son âme rejaillit sur ses amours ordinaires.
Les anges m’oublient, sans trop y croire
Ils ne m’adressent pas un regard.
De leur mépris, au loin j’imagine,
Et je me raccroche à ce rêve crevé,
A cette divinité,
A cet amour ordinaire.
Et je m’évade,
Rêver vers ailleurs
Des ailleurs autrefois sordides,
Et je m’envole,
Jusqu’à briser l’oxygène…
Rêve engourdi évaporé dans les nuages.
Ennui d’amour
En nuits d’espoir,
Mon rêve s’enfuit
Et je redescends.
Terrible souffrance si souvent renouvelée
Que de caresser le bonheur, si cher et attendu
Dans un rêve absorbé et matinal
Se réveiller, ne plus comprendre,
Le chercher partout, effaré
Fouiller, précipité et haletant
Dans sa mémoire fuyante
Réaliser que c’est un rêve… effrayant.
Mais accepter ce rêve c’est l’aimer.
Les amours perdues,
Les amours disparues,
Les Amours ordinaires.
La déchéance étonnante de ces amours
Et l’éloquence ambiguë de mes vacarmes lubriques
Révèlent en moi le prix
De ces beautés vaporeuses et fragiles.
Ennui d’espoirs,
En nuits d’amours,
Ce rêve s’enfuit.
Mais c’est plus fort que l’oubli,
Elle est trop belle pour toi mon amour :
Les vapeurs d’amours ordinaires coulent sur mes joues tristes.
juillet 1989