Ce soir
Au détour de la rue,
Monsieur Smith au volant de son bolide écervelé
Ne m’a pas vu dans le noir.
Alors je me suis écrasé sur cette carcasse noire
Le crâne éclaté sur le trottoir
J’agonise tel le condamné.
A flots le sang vide mon corps et se dévide
Dans le caniveau écarlate,
Entraîne mes entrailles et le bide.
Oui, mon ventre a éclaté sous le choc ringard et sourd
Le plexus et les tripes glissent sur le bitume,
Et, sans cris, je les regarde s’enfuir le long du trottoir.
Sans bruit, je vois ma vie s’écrouler dans l’égout.
Ma vie, elle va, elle vient, vaine et vicieuse,
Elle se débine dans les égouts la gueuse !
Ma vie, je t’ai enfin comprise :
Toi qui n’étais qu’ordure,
Ma vie, toi ma vie !
Tu ne profiteras ni à Dieu, ni aux miens,
Ma vie, tu ne profiteras qu’aux Rats !
février 1989